Une histoire de gâteau raté

L’autre jour, il paraît que j’ai cuisiné le “meilleur tiramisu au monde” 🙂

Je ne dis pas cela pour me vanter, mais sachez que je détiens également le record du “meilleur fondant au chocolat raté qui existe” !

Attendez, vous allez voir où je veux en venir.

Lorsque j’étais petite, à l’école, je me sentais à part, car j’apprenais, je lisais et je comprenais différemment. En réalité, j’étais dyslexique. On me rangea donc rapidement dans la case d’enfant “difficile”.

En tant que gauchère, on m’obligea en plus à écrire de la main droite (ça ne paraît rien aujourd’hui, mais à l’époque, chez les bonnes sœurs, il n’était pas question d’être gauchère). Très tôt, il a fallu que je trouve des solutions, là où personne n’en trouvait. Commençait alors une longue quête à la recherche de ma propre façon de voir et de comprendre la vie.

Plus tard, pendant mes études, lorsque j’ai fait du droit, ou ensuite étudié à la fac de médecine pour la micronutrition, l’alimentation et la prévention santé, j’ai dû à nouveau m’adapter. Malgré tous ces termes médicaux complexes qui étaient incompréhensibles pour moi, j’ai su trouver des solutions (vive les abréviations !). Ainsi je parvenais à réussir ce que j’entreprenais, dépassant les difficultés. Et même plus que cela encore, d’une certaine manière, je transformais les choses : ce qui pour les autres était une faiblesse devenait petit à petit une chance.

Cette liberté d’être dyslexique – cet itinéraire de la différence -, elle est aujourd’hui décomplexée, ce qui n’était pas le cas pendant longtemps. Au fil des années, elle m’a permis de me créer une nouvelle façon de concevoir le monde. J’ai emprunté un autre chemin de la vie, une route qui n’est peut-être pas dessinée sur une carte, mais qui m’a appris à écouter les gens d’une façon différente et à chercher comment les aider autrement.

Ce n’est pas grave d’être différent, c’est une chance de mieux se comprendre, de se découvrir et d’en faire quelque chose de nouveau.

Aujourd’hui encore, si je dois monter un meuble Ikea, je ne sais pas toujours comment m’y prendre. Suivre le plan me fatigue rapidement puisque j’ai tendance à inverser les choses (et ne parlons même pas des noms de leurs meubles !). Côté cuisine, vous l’aurez donc compris, suivre une recette à la lettre n’est pas non plus au programme.

Pourtant, j’adore les livres de cuisine ! Je cherche des recettes avec plaisir, en prenant le temps, en regardant les images pour trouver l’inspiration. Mais celle qui finit par prendre le fouet et la maryse, ce sera toujours mon intuition.

Souvent en laissant son intuition parler, en s’écoutant sans suivre les dogmes ou les règles, en lâchant prise, on peut apprendre quelque chose de nouveau. Même dans la pâtisserie, là où il est important de suivre les grammages, l’improvisation et la spontanéité peuvent mener vers un chemin inattendu.

Je ne dis pas que c’est LA bonne façon de faire.

Par ailleurs, ce n’est pas toujours très réussi… mais souvent, c’est pas si mal ! 😜

Bref, j’ai fait mon fondant au chocolat raté, et c’était un succès !