Pour celles qui nous élèvent

Quand j’étais enfant, ma mère hélas travaillait beaucoup et ne pouvait pas être très présente. Mais, chaque année, nous partions en vacances toutes les deux.

J’ai de merveilleux souvenirs de la Grèce. C’est un pays fabuleux dans lequel je me sens comme chez moi, et où je prends plaisir à retourner et à expérimenter mes plus belles méditations. La vibration du pays résonne fort en moi. Nous avons sans doute toutes et tous en nous un peu de ce pays, berceau de notre civilisation méditerranéenne. Là-bas, l’air est différent, le ciel est différent… À tout moment, il me semble que les dieux me parlent, se penchent sur moi, me racontent des histoires. Il y a vraiment quelque chose de divin qui émane de ces lieux en Grèce.

L’alimentation en Grèce a toujours été parfaite pour moi. En effet, depuis mon enfance, je suis sensible au gluten et au lactose. Les menus de ce régime méditerranéen contiennent essentiellement des légumes, du poisson à la chair ferme (plein d’oméga 3), de la bonne feta, une huile d’olive exceptionnelle, très peu de pain, et des desserts assez simples, comme des fruits ou exceptionnellement une boule de glace.

En replongeant dans ces souvenirs de voyages, j’éprouve alors beaucoup de reconnaissance envers ma mère. Elle m’a permis de découvrir des cultures et des regards différents, ce qui m’aide encore aujourd’hui à toujours garder l’esprit ouvert et à être à l’écoute des gens.

Notre relation n’a pas toujours été simple, comme elle ne l’était pas entre ma mère et sa propre mère. J’ai pu avec le temps apaiser cette relation avec ma mère, ma grand-mère, et par ricochet avec ma propre fille. Aujourd’hui, je suis reconnaissante de tout ce que ma mère a pu faire pour moi. Et pendant ses absences, elle a su me confier aux bonnes personnes.

Comme mon pépé Charles et Lili, ma famille de cœur, qui m’ont entourée d’amour. Ils n’avaient rien, ou presque rien, et pourtant ils étaient généreux et s’occupaient des autres en retour.

Je me souviens également de ma nounou MiJo, infirmière. Elle se levait à 5h du matin, et j’aimais beaucoup me lever et partir avec elle en tournée. Je l’observais lever les malades, leur faire la toilette, prendre un café avec eux… Et je me souviens surtout de son sourire, un cadeau qu’elle leur offrait et avec lequel elle les soignait déjà un peu.

J’ai eu également la chance de connaître mes grands-parents du côté de mon père, où la famille était très unie et vivait dans le partage. Ils ont aussi joué un rôle très important dans mon éducation et mon rapport au monde. Pas une semaine ne passe sans que j’aie à l’esprit une des phrases de ma grand-mère Marcelle. “Quand on n’a pas de tête, on a des jambes”, disait-elle, un leitmotiv essentiel pour quelqu’un comme moi de tête en l’air. Elle m’a appris la résilience, le courage et la force d’engagement. C’était une femme de caractère, forte et très inspirante.

J’ai aussi la chance d’avoir encore ma mamie Simone, qui a 96 ans.

Quel joli mot “mamie” ! Il me fait penser à une phrase de Louis de Funès, qui appelait sa femme “ma mie!”, et il me rappelle la mie du pain, la partie la plus tendre et moelleuse… comme une mamie. Une mamie, c’est tendre. Elle remplit l’espace de bienveillance et de gentillesse.

Simone est tout le temps heureuse, et se contente de peu. Je pense que le secret de sa longévité est d’apprécier les petites choses de la vie et de continuer à s’occuper des autres.

Quand j’étais plus jeune, je me déplaçais souvent en moto, et lorsque je rentrais à la maison, elle me préparait toujours une serviette chaude et une compote chaude pour me réchauffer. Elle a toujours une attention pour l’autre, même aujourd’hui, alors qu’elle prépare encore des compotes qui remplissent l’air de la maison d’un délicieux parfum.

Toutes ces personnes qui m’ont entourée m’ont appris à voir ce qu’était la vraie générosité, ils m’ont montré comment on pouvait grandir dans les yeux de l’autre, comment on pouvait soigner en apportant juste notre attention à l’autre. Un très beau cadeau que la vie m’a fait, j’en suis consciente.

Prêtons attention à nos anciens qui ont souvent un message à nous délivrer : leur expérience, leur bon sens, et la grande valeur des choses simples.

Ce que nous transmettent nos parents, nos grands-parents, celles et ceux qui nous ont élevés, continue de grandir en nous des années après. Cela les rend immortels.

Par ces quelques mots, j’en profite pour souhaiter une bonne fête à toutes les mamans, et à toutes celles qui transmettent comment vivre avec bienveillance et qui prennent soin des autres.